buysscheure(59)

Publié le par toutou

Buysscheure

Est le village natal de ma mère et où j'ai vécu de novembre 1930 à septembre 1946


 

Carte de Buysscheure 1874/76 (extraite d'une carte de l'Atlas du Nord). Remarquer la quantité d'habitations dispersées dans le village et deux moulins.

Si le village de Buysscheure, comme partout en Flandre, a été fort peuplé depuis le Moyen-age, son peuplement s'est peut-être effectué plus tard que dans le reste de l'Houtland. La forêt a du rester longtemps présente, au moins sur la moitié sud du territoire, où les terrains argileux et vallonnés sont pauvres et difficiles à travailler.
Le nom même du village rappelle (sans doutes) l'idée de défrichement de la forêt par l'homme : Buysscheure signifiant bois-déchiré ou défriché. La correspondance en français serait l'essartage qui a donné de nombreux Sart ou Essart au Xème sicle et plus tard. La création de Buysscheure serait de la même époque. On ne trouve pas ici de racine franque ou saxonne des VI et VIIème siècle comme les -zeel- -hove ou hem- des villages voisins. On ne peut cependant pas conclure qu'aucun homme n'a habité dans le secteur avant la naissance du village, témoin le squelette découvert lors du chantier T.G.V. qui pourrait être celui d'une femme gauloise. Le passage de la voie romaine Cassel / Watten au nord du village a bien pu aussi fixer des habitants.


                                                          Buysscheure vers 1950


Les premières traces écrites du village nous les devons à ses seigneurs qui furent parfois prestigieux. Nous connaissons en premier lieu Wautier de Buscure qui fut un grand bienfaiteur de l'église (ce qui lui valu de conserver la mémoire de son nom et de celui de son village).
En 1209, il donna la dîme de Volckerinckhove et de ses dépendances à l'église de Watten. C'était donc un seigneur assez important pour posséder la dîme d'un village voisin. En 1213, il fit des dons à l'abbaye du Ravensberghe à Merckeghem.
En 1253 et 1254, il est fait mention d'une terre appelée " Helle ", située à Buysscheure, orthographié Buscure puis Buschure, terre qui appartenait à Isabelle et Philippe d'Helfaut.
Plusieurs lignées des plus grandes familles des Pays-Bas furent à cette époque, successivement seigneurs de Buysscheure. Au XIIIème siècle Adelis, dame de Buysscheure lia son fief à celui des Dendermonde, lors d'un premier mariage avec Walter II. Les Dendermonde étaient des grands seigneurs de la région d'Anvers. Un second mariage d'Adélis lia la destinée de la seigneurie à celle des Grimbergen -famille des plus puissantes du Brabant (région de Bruxelles)-. Les seigneurs de Grimbergen laissèrent leur nom à un lieu-dit situé maintenant à Lederzeele, à la limite ouest de Buysscheure. Une vaste motte féodale encore en bon état témoigne de la présence du château du seigneur. Une belle allée rectiligne, de vastes champs sont les vestiges de sa propriété.
Au début du XVème siècle, la seigneurie passe au mains de Colaert de la Clyte (1), homme de grande noblesse, proche du duc de Bourgogne, alors souverain des Pays-Bas et donc comte de Flandre. Ses armoiries sont devenues celles de Buysscheure.
De gueule, bordé d'or à un chevron d'or, accompagné de trois coquilles de même.
La terre de Buysscheure passa en 1465 à la famille ses Van Hallewyn. A cette même époque Jacques Drieux, chevalier de Jérusalem vivait à Buysscheure, il y décéda le 6 octobre 1436, il y naquit sans doutes aussi. Il fut le premier maillon connu de cette fameuse et innombrable famille des Drieux. Il repose depuis plus de 5 siècles ½ en l'église de Buysscheure à côté de son épouse Catherine Van Steenbecque décédée en 1428.
La lignée des seigneurs de Buysscheure se continua jusqu'à la révolution. La révolution, qui amena de grands bouleversements dans tout le royaume, fut d'abord bien accueillie. Les habitants de Buysscheure, en rédigeant leur cahier de doléances, espéraient surtout alléger leurs impôts et connaître une justice plus efficace et moins onéreuse, la moitié des articles du cahier se rapportent aux magistrats de Cassel et les deux derniers des 14 articles sont des plaintes contre le haut clergé qui perçoit l'impôt mais ne remplit pas ses devoirs. Mais bien vite les Buysscheurois sont déçus de cette nouvelle époque dont les réquisitions, les guerres et l'anticléricalisme les irritaient. Tisje-Tasje s'en moqua dans ses chansons et les frères Derudder, prêtres originaires de Buysscheure, lui feront front avec vaillance.

Buysscheure fut et demeure flamand depuis la nuit des temps disions nous. Il n'est pour s'en prouver qu'à lire les patronymes sur le bottin téléphonique ou plus simplement regarder les plaques de rues qui sont toutes dans la langue de nos pères. Rien n'est inventé pour faire " folklore ", la municipalité a simplement transcrit les noms tels qu'ils figurent sur le cadastre :
Hoveraere Straete (Rue de la Butte), Heuzel Straete (Rue du Verglas), Papote Straete (Rue de la Boue), Vuyle Straete (Rue Sale), Pauwer Straete (Rue du Repos), Langhemast Straete (Rue du Long tronc), Niewe Straete (Rue Neuve), Buysscheure Straete (Rue de Buysscheure), Popelier Straete (Rue des Peupliers), Hondenest Straete (Rue de la Niche au chien), Cuisine Straete (Rue de la Propriété de Campagne), Viervoet Weg (chemins des 4 pieds), Groene weg (chemin Vert), Poorte Weg (chemin de la Porte), Boeren Weg (Chemin des cultivateurs), Iptie Weg ( ?).
Le cadastre nous révèle également les noms des lieux-dits :
Steersbeek, déformation de Steenbeek ( ?) ruisseau caillouteux, Oost Veld (champ de l'est), Keulen (le creux), Meullewal (sentier du moulin).
On signale déjà au XIII ème siècle à Broxeele un lieu-dit Meullewal serait-ce le même ? Et le lieu-dit Le Pelle, serait-il le " Helle " du XIII ème siècle ou s'agit-il le plutôt du lieu-dit Hollebeke situé à la limite ouest de Buysscheure, aujourd'hui sur territoire de Lederzeele ?


Place du village


La charrette nous cache l'Arbre de la Liberté (un tilleul - 1848) brisé lors de la tempête du 26 décembre 1999


Toujours est-il que ces différents noms remontent fort loin dans le temps. Les villageois qui sillonnaient le village à travers champs par des sentiers aujourd'hui disparus transmirent verbalement les noms de ce terroir qu'ils connaissaient, dans ses moindres recoins et que bien souvent ils ne quitteraient jamais. Leur dernier voyage les conduisant à l'ombre de leur église en laquelle ils avaient une telle confiance.
Cette église témoin de tous les événements de la communauté villageoise était sa protection morale ou même physique dans l'adversité. Ainsi en 1302, les hommes d'armes retranchés dans l'église repoussèrent l'envahisseur français qui venait d'occuper St Omer : " ... Elle avait une si forte garnison, qu'ils n'obtinrent aucun avantage " et renoncèrent " à leur assaut... ".
Le monument que nous connaissons aujourd'hui n'a pas connu cet épisode puisqu'il fut presque totalement reconstruit en 1693.


L'église et l'Arbre de la liberté


En 1759 l'église fut prolongée de 2 travées et en 1901 on bâti les 2 petites chapelles latérales. Le XVIII ème siècle nous a légué un mobilier remarquable : le banc de communion, les confessionnaux, des statues de St Joseph, Jésus flagellé et St Jean-Baptiste patron de la paroisse (fêté le 24 juin), 3 calvaires et des fonds baptismaux en marbre. Le XIXème siècle a enrichi l'église d'un buffet d'orgue (1849), des autels de St Joseph (1865), de la vierge (1854) érigé dit-on grâce aux dons des fidèles, de l'autel principal qui vient de Noordpeene.
Les remaniements de l'église furent tels que la tour, chose exceptionnelle, se trouve au chevet de l'église. Le clocher de pierre haut de 36 m abrite 2 cloches, la plus grosse de 363 kilos a eu quelques mal à venir jusqu'à nous puisque fêlée, elle fut refondue en 1865 puis à nouveau en 1893.
Le clocher point de repère dans la campagne est aussi une cible privilégiée de la foudre qui l'endommagea en 1967 puis en 1976.

Buysscheure possède encore quelques anciennes demeures témoins du passé et des anciennes activités rurales mais il ne conserve plus que le souvenir et une paire de meules de ses deux moulins.



Ses paysages heureusement ont peu changé et la Source de l'Yser (ou une des sources) qui se trouve au nord du village, retrouvera sans doutes bientôt son ancien aspect. Une mare entourée de verdure, nouvel havre de paix, remplacera une précédente comblée il y a quelques années

De Buysscheure, village situé aux confins de la Flandre, on aperçoit les collines de. l'Artois. Pourtant la commune demeure totalement flamande et elle le fut de tous temps, Tisje Tasje, symbole de notre province n'y est-il pas né ?

A l'écart des grands axes de communication, doté de paysages agréables, Buysscheure à su préserver son cadre de vie. Non pas en vivant replié sur lui-même puisque le village a vu s'édifier depuis quelques années de nombreuses constructions nouvelles. De jeunes couples séduits par la quiétude et la verdure, ont choisi d'y vivre. Les 615 hectares de Buysscheure abritent aujourd'hui 419 habitants soit 68 habitants au km2, en augmentation régulière depuis 1975, année où elle connut sa population minimale. (376 personnes). On est cependant loin du chiffre record de 955 Buysscheurois mais ce fut en ... 1829.


 
Tisje Tasje et sa seconde épouse Toria

  en parade dans les rues d'Hazebrouk

Jean-Baptiste Van Grevelynghe dit Tisje Tasje(1768-1842), est un personnage semi légendaire dont la ville d'Hazebrouck a fait un de ses géants. Réalisé par Maurice Deschodt en 1947, il symbolise l'esprit populaire flamand. D'une hauteur de 4,26 mètres et d'un poids de 80 kgs, ce géant est porté par 2 hommes.


Biographie

Tisje-Tasje est né à Buysscheure le 13 avril 71768, à l'Oost Houck, près du Boeren Weg Sa mère décède deux jours plus tard. Il quitte son village natal vers l'âge de 12 ans. Il est accueilli par une tante ou sa grand-mère, qui habite entre le Schoubrouck et le Verloen Hoek'je (le Coin Perdu). Il travaille au couvent des Guillemites à Noordpeene comme domestique. Il y reçoit une excellente formation. Il occupe ensuite le poste de sommelier et vers 18 ans il est renvoyé. Il exerce quelque temps le métier d'aide maçon chez un maître maçon du village. Il se marie le 25 juillet 1787, à l'âge de 19 ans, avec Marie Compagnon, née à Noordpeene le 13 août 1766. Elle a 21 ans. Ils achètent une petite boutique dans la Basse-Ville. De leur union naissent 8 enfants de 1788 à 1804. Marie, son épouse, décède deux semaines après la naissance de leur dernier enfant à l'âge de 38 ans.

Jean-Baptiste se remarie deux ans plus tard avec Reine-Félicitée Schoonaert, (Toria) âgée de 38 ans. Deux enfants naissent de cette union. La petite boutique est prospère. On vient même de Saint-Omer lui acheter sa marchandise. On le voit dans les kermesses, les neuvaines, les pèlerinages de Clairmarais ou Dunkerque. Tous les dimanches matins, il va au marché de Dunkerque. Il attire les clients en racontant de bonnes blagues flamandes et vend des tasses en faïence de Saint-Omer et des pipes en terre. Son nom vient de Baptiste "Tisje" et "Tasje" pour tasse.

En 1826, il écrit une pièce de théâtre en flamand "Touneel-Stuck", contant la perte de Napoléon Ier et le rétablissement du bon et noble roi Louis XVIII. Jouée à Buysscheure, elle remporte un vif succès. Un siècle et demi après l'annexion à la France, on écrivait encore un flamand fort convenable dans le Westhoek. Il décède dans sa maison, à la Basse-Ville de Noordpeene, le 24 novembre 1842 et est enterré dans le cimetière de Noordpeene.

Ses nombreuses histoires sont relatées dans les Tisje Tasje's Almanak en français et en flamand.

 

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